Peux-tu nous parler de ton parcours et de tes différentes casquettes ?
J’ai commencé ma vie professionnelle en créant une entreprise, Pyrénées Tendances, sur le territoire des Hautes-Pyrénées. Entreprise de design et rénovation d’intérieurs, un concept de décoration d’inspiration nature, montagne et Pyrénées. En parallèle de cette casquette d’entrepreneur sur le territoire, je me suis impliqué dans des associations locales de développement territorial : Office de commerce, Entreprendre en Pyrénées Vallées des Gaves, Une marque pour les Pyrénées devenue Agora Pyrénées et une casquette de cocréateur, puis vice-président du Groupement d’Employeurs Lourdes Pyrénées Vallées des Gaves (GELPYVAG).
En parallèle de ces mandats j’ai continué à diriger et développer mon entreprise, jusqu’en juillet 2023. À la suite d’un départ, j’ai assuré le poste de coordinateur du GELPYVAG, pendant 9 mois en transition. J’avais une envie un peu personnelle de repartir en ville. Lors de la création de ma boîte, j’étais tout feu tout flamme, j’avais 24 ans, j’avais l’ambition de monter une grosse société et de faire une filiale à Toulouse. Et la vie a fait que Pyrénées Tendances ne s’est pas développée aussi vite que prévu, qu’il y a eu les crises sanitaire et économique qui ont fragilisé la structure en complément d’une baisse d’énergie de mon côté. Et puis, une opportunité s’est présentée au CRGE Occitanie, suite au départ de son directeur Pierre-Olivier Navarro.
Ce qui m’intéressait, c’était d’être en métropole et d’avoir un impact sur les territoires en travaillant avec les groupements d’employeurs. Outil que je connaissais déjà via le GELPYVAG en étant à la cocréation, utilisateur via mon entreprise et gérant en 2023. Ce qui m’intéresse aussi c’est de voir comment fonctionnent d’autres GE et comment les GE vont fonctionner demain. En ayant eu les fonctions opérationnelles de gestion d’un GE on se rend bien compte que l’on fait face à des contraintes juridiques et sociales assez particulières. Pour moi, le CRGE Occitanie est là pour lever les freins et faire levier afin que les GE se développent et se pérennisent.
Tu es déjà familier du monde des groupements d’employeurs par ton précédent poste, peux-tu nous en dire un peu plus sur tes 9 mois au GELPYVAG ?
Le GELPYVAG est un Groupement d’Employeurs multisectoriel qui travaille sur les fonctions supports (administratif & communication) pour des TPE et PME qui n’ont pas forcément les moyens de payer un temps plein. Le côté touristique du territoire a orienté le développement du GE vers l’emploi saisonnier et les professionnels du tourisme. On a été sensibilisé à cette problématique des saisonniers qui ne veulent plus revenir. Comment fidéliser les saisonniers (ceux qui le souhaitent bien entendu) ?
L’outil groupement d’employeurs est une solution pour le salarié réalisant sa saison d’hiver dans une structure et la saison estivale dans une autre. Donc j’ai énormément travaillé sur le côté juridique et social, sur la complémentarité de ces contrats. Est-ce qu’on parle d’annualisation ? Est-ce qu’on parle de modulation du temps de travail ? Des questions intéressantes qui permettent d’arriver à des contrats en CDI sur 2 structures, avec de la formation possible et bien-sûr des périodes de congés.
Quelles sont les évolutions d’enjeux & de perspectives entre ton poste de directeur de GE et aujourd’hui ton poste d’une structure régionale référente du GE sur l’Occitanie ?
Disons que les deux postes sont très différents parce que le GE touche vraiment à de l’opérationnel, on est en relation avec des salariés et des employeurs. Nous, CRGE Occitanie, nous sommes la structure intermédiaire. Le CRGE Occitanie a plus vocation à promouvoir et accompagner l’outil GE que de mettre à disposition des salariés à des employeurs. Sur la partie direction, je suis toujours sur une gestion de structure ; de collaborateurs ; de salariés ; de la gestion RH, administrative et financière.
Le CRGE Occitanie doit être facilitateur pour les groupements d’employeurs, trouver des solutions aux problématiques qui viennent du terrain. Il faut être force de proposition pour les GE pour les aiguiller le mieux possible via l’expérience interne, les partenaires, des réunions, un cabinet d’avocat extérieur etc…
Quelle est ton ambition pour le CRGE Occitanie et les Groupements d’Employeurs ?
Mon ambition pour le CRGE Occitanie est de continuer à développer notre expertise et nos ressources au service des GE. Dans ce nouvel élan
et ces changements, nous avons changé d’image de marque, un nouveau président depuis 1 an, une nouvelle direction. Nous sommes actuellement accompagnés par un cabinet sur la stratégie (promesse, vision, mission), donc je pense que l’on est dans un réel tournant. J’arrive à un moment où tout le monde est en réflexion sur le futur du CRGE Occitanie de demain.
L’objectif reste le même : accompagner la création d’emploi à travers les groupements d’employeurs, mais surtout la pérennisation des groupements qui existent déjà en Région. La pérennisation et le développement sont les deux mots sur lesquels je veux parier dans les mois à venir.
Est-ce que tu as un petit mot pour ton territoire des Hautes-Pyrénées ? Des remerciements ?
Des remerciements je pourrais en faire beaucoup.
Je suis très fier d’avoir monté ma société dans les Hautes-Pyrénées, d’avoir eu la croissance qu’on a eu, d’avoir rencontré l’ensemble des partenaires qui se sont présentés à nous. Je pense que dans la vie rien n’arrive par hasard. Nous sommes au bon endroit au bon moment, et cela forge une expérience par des réussites et des difficultés, mais toujours aux côtés de gens, de partenaires, de relais, d’amis qui ont été présents.
Je suis donc très heureux de voir Pyrénées Tendances continuer sans moi, continuer à se développer, différemment sûrement parce que je ne suis plus aux manettes, mais il faut laisser la place à de nouveaux entrants. Les dynamiques locales sont proches du terrain, propices à la création d’activités et favorables aux projets porteurs de sens.
Et pour finir un mot sur le GE GELPYVAG qu’on a créé, parce que c’est nécessaire et cet outil répond à un besoin tant des employeurs que des salariés pour arriver à fidéliser, déprécariser, et ancrer des personnes sur nos territoires. Le GE crée des synergies. Il peut correspondre à de nouvelles envies de certains salariés. Cela ne veut pas dire que les gens mettront fin à leur CDI demain, mais on voit bien les changements d’attentes, la volatilité de l’emploi, que le CDI n’est plus le graal pour tous… On peut commencer en CDD, passer en CDI. Augmenter, baisser sa durée de travail, cumuler une activité autoentrepreneur et une partie salariat…
Les formes du travail deviennent hybrides. Alors bien ou pas bien ? Je ne sais pas. En tout cas la société évolue en ce sens. Est-ce que l’on y reviendra ? Peut-être. Est-ce qu’il faut passer par de nouvelles manières de travailler ? Sûrement. En attendant, c’est une réalité avec laquelle nous devons tous composer pour assurer un développement économique local viable et une pérennité de l’emploi.