Interview de Julien Viguier
Délégué à l’innovation sociale au CRGE Occitanie
Peux-tu nous parler de ton parcours ?
J’ai débuté par des études en lettres modernes à Toulouse avant de me spécialiser dans la gestion des entreprises artistiques et culturelles au sein de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (ENSATT) à Lyon. J’ai géré des théâtres et des compagnies pendant dix années dans différentes régions de France avant de décider de me réinstaller en Occitanie en 2015, avec l’envie d’explorer d’autres capacités et engager un repositionnement professionnel.
J’ai évolué vers le management des ressources humaines, en suivant une formation en Gestion des Emplois et des Parcours Professionnels (GEPP). Dans ce cadre, j’ai travaillé à la création du premier Groupement d’Employeurs d’Insertion et de Qualification (GEIQ) des métiers du numérique, porté par Toulouse Métropole Emploi (TME).
J’ai, ensuite, accompagné le développement des compétences entrepreneuriales au sein d’une Coopérative d’Activités et d’Emploi (CAE) dans le Tarn. Puis, j’ai été recruté au sein de Toulouse Métropole Emploi comme responsable de projets. Pendant quatre années, j’ai participé à améliorer les conditions de l’emploi dans différents secteurs d’activités : le numérique, le grand âge et le handicap, l’économie sociale et solidaire.
Aujourd’hui, j’ai souhaité poursuivre ma professionnalisation en articulant expérience du terrain et recherche scientifique. Ceci a été possible avec le CRGE Occitanie qui souhaitait engager un travail de recherche-action pour mieux comprendre les parcours des salariés et les relations au territoire au sein des GE de la région. Je suis, donc, engagé pour trois ans pour conduire ce travail de thèse.
Les outils GEIQ et GE te sont familiers ?
Oui, je connais bien les GEIQ et les GE.
En effet, mon premier employeur à Lyon a créé un GEIQ de comédiens puis j’ai participé, en 2019, au sein de Toulouse Métropole Emploi, à la création et au lancement du GEIQ Numérique Occitanie. Puis, en 2021, j’ai collaboré avec le CRGE Occitanie en pilotant une étude de faisabilité pour la potentielle création d’un Groupement d’Employeurs de métiers support pour les structures employeuses de l’ESS.
Les GE et les GEIQ sont des dispositifs avec des objectifs différents mais qui se rejoignent par une ambition commune de créer de la coopération entre structures employeuses venant parfois d’univers très différents.
Est-ce que tu peux nous expliquer sur quoi va porter ta thèse et ton travail auprès du CRGE Occitanie ?
Je conduis une recherche-action dont le principe est de créer de la connaissance scientifique à partir de l’analyse du terrain et en impliquant les GE. Je m’intéresse plus particulièrement à deux parties prenantes des GE : les partenaires du territoire des GE et les salariés mis à disposition.
Concernant les salariés mis en disposition : quels sont les parcours des salariés mis à disposition ? Comment s’organise la relation de l’emploi entre le GE, les structures employeuses adhérentes et les salariés ?
Concernant le rapport au territoire : qu’est-ce qui se joue dans la relation entre le Groupement d’Employeurs et son territoire d’implantation ? Comment le GE dialogue-t-il avec les acteurs institutionnels et économiques de son territoire ? Comment cette coopération crée une plus-value pour les GE mais aussi pour le territoire tout entier ?
Pourquoi cet intérêt pour le sujet des GE et cette association avec le CRGE Occitanie ?
La force du CRGE Occitanie est d’avoir une vision globale de ce qui se passe sur les différents territoires, en fédérant et en accompagnant des groupements d’employeurs de toutes tailles et de tous secteurs d’activité.
Ce qui m’intéresse dans les GE c’est leur capacité à faire dialoguer une pluralité de parties prenantes issues d’horizons différents au service du bien commun. Le GE est un outil qui peut réinventer positivement le rapport au travail.
Dans le contexte actuel, où les salariés et les demandeurs d’emploi attendent de l’employeur une capacité à mieux articuler vie professionnelle et vie personnelle en proposant une meilleure Qualité de Vie au Travail, je pense que les GE peuvent innover et attirer des personnes souhaitant travailler autrement.
Quelles sont les productions attendues et tes actions prévues dans le cadre de ta thèse pour 2024 et 2025 ?
Mon année 2024 est concentrée sur les parcours des salariés en groupements d’employeurs et une analyse de la relation tripartite entre les salariés, le GE et les structures employeuses adhérentes.
Comment est organisée cette relation tripartie ? Quelles en sont les particularités ? Est-ce une source d’amélioration des conditions de travail ou est-ce que cela crée des difficultés ? Il faut identifier les atouts et les freins de cette relation triangulaire pour résoudre les problèmes qui se posent.
2025 sera plutôt consacrée à l’analyse des relations des GE à leurs territoires, autour du concept-action que je suis en train de bâtir : l’employeurabilité territoriale.
L’employeurabilité territoriale est la capacité du GE à améliorer les conditions de l’emploi sur son territoire, en dialoguant avec les autres acteurs du territoire. L’idée est que le GE sert de trait d’union à toutes les parties prenantes pour co-construire une démarche d’amélioration des conditions de l’emploi sur son bassin de vie. Je ferai un état des lieux des relations des GE avec leur territoire et j’analyserai comment ces relations partenariales peuvent être améliorées afin d’augmenter l’attractivité des GE et de leurs territoires.